Le Martinet noir à Grenoble

Le Martinet noir à Grenoble

Portrait de Thibault_LCRQ

Lors de mon arrivée à Grenoble, j’ai découvert que le Muséum propose régulièrement des conférences à l’auditorium. Au cours de mon séjour de 3 mois j’ai suivi un certain nombre de ces conférences aux thèmes divers et variés, mais toujours en lien avec la nature ! Dans cette mini-série, je reviendrai sur trois des conférences auxquelles j’ai assisté.

La conférence dont je vais vous parler aujourd'hui, "Le Martinet noir à Grenoble", s'est déroulée dans un contexte un peu particulier. En effet, la ville de Grenoble et la ville d'Oxford sont jumelées depuis 1989. Ce jumelage est durable et très actif, chaque année, des voyages et échanges sont organisés entre les deux villes. Ainsi l'association Alliance Grenoble-Oxford a été créée en 1993, preuve de l'importance et de l'implication dans ce jumelage par les deux villes. A l'occasion des 30 ans de ce jumelage Grenoble-Oxford, un important programme culturel a été organisé pendant tout le mois de mai à Grenoble. C'est dans ce cadre que s'inscrit la conférence "Le Martinet noir à Grenoble", qui a eu lieu le 28 mai 2019.

La conférence a été animée par Chris Mason, ornithologue oxfordien, membre de la RSPB (Royal Society for the Protection of Birds) ainsi que par Jean Marc Coquelet, le régisseur des collections du Muséum de Grenoble et membre actif de la LPO Isère (Ligue de Protection des Oiseaux).

Le Martinet noir (Apus apus) est un oiseau extraordinaire.

  • Facilement reconnaissable à l'aide de ses longues ailes en forme de faux et de ses pattes très courtes.
  • Il passe la plupart de son temps en vol et ne se pose que rarement, notamment pour la reproduction.
  • Il niche dans les petites anfractuosités des bâtiments.
  • Cet oiseau est fidèle à son site de nidification, il y revient d'une année sur l'autre après migration dans les forêts tropicales d'Afrique où il passe l'hiver.
  • Ils volent en formation proche des bâtiments et communiquent en poussant des cris de contact.
  • Pour le nourissage des petits, ils forment en vol une boulette d'insectes qu'ils stockent dans leur gorge. Leur large bec leur permet de collecter de nombreux insectes, les boulettes contiennent entre 300 à 1000 insectes de taille variable, allant du moustique jusqu'à la mouche. Un couple peut consommer jusqu'à 20000 insectes par jour.
  • Cet incomparable oiseau peut vivre jusqu'à 20 ans.

Apus apus, Martinet noir, photo de Dave Curtis sur Flickr CC BY-NC-ND

Depuis 25 ans, les populations de Martinet noir sont en déclins tant à Oxford qu'à Grenoble. Cela est dû aux conditions météos variables et imprévisibles, à la diminution de la présence d'insectes et donc de source de nourriture pour les Martinets. La dernière cause de ce déclin est la disparition des sites de nidification.

Que fait-on du côté d'Oxford ?

Chris Mason et son équipe agissent et travaillent sur ces sites de nidifications. Grâce à leur implication, deux tours nichoirs ont pu être installées dans les environs d'Oxford.

Un important travail concerne la sensibilisation du public à cette problématique afin d'inciter les particuliers à installer des nichoirs pour les Martinets sur les façades de leurs maisons. Le dernier aspect sur lequel ils opèrent est la sensibilisation des collectivités et des entreprises. Ils ont obtenu de la municipalité l'incorporation de "briques-nids" creuses pour la construction des nouveaux édifices. De même certaines entreprises du bâtiments font désormais attention à ne pas bloquer l'entrée des nids lorsqu'ils montent un échaffaudage.

Ce projet de conservation du Martinet noir est désormais entièrement bénévole et regroupe un peu plus de 70 personnes. Tout le monde peut agir à son niveau, pour aider les populations à se maintenir, il faut surtout être "insect-friendly" précise Chris Mason. Les Martinets dépendant énormément d'eux pour se nourrir aussi, il faut limiter l'utilisation de pesticides et si possible aménager des zones sanctuaires pour les insectes.

Et du côté de Grenoble ?

La LPO Isère travaille également sur la problématique du Martinet noir en s'inspirant de ce que fait la RSPB à Oxford. Trois colonies ont été identifiées sur Grenoble, elles nichent à la Porte de France, au Palais du parlement et à l'église Saint-André. Ce dernier site est privilégié en raison du manque de moyens humains ainsi que par son caractère exceptionnel, plus de 600 trous ont été dénombrés, c'est autant de potentiels nichoirs pour les Martinets.

Depuis deux ans, des comptages sont effectués et 122 trous ont pu être identifiés comme nichoirs. Le projet grenoblois n'en est qu'à ses débuts, à terme, le souhait de la LPO Isère serait d'arriver à un niveau d'action équivalent à celui retrouvé à Oxford mais cela va prendre du temps.

 

Pour Jean Marc, le but de cette conférence était de sensibiliser le public à cette problématique. A la fin de la conférence j'ai pu m'entretenir avec lui : "Je veux partager le goût de la découverte d'une espèce. Tout le monde peut le faire, cela ne nécessite que très peu, voire pas de connaissances sur l'oiseau. Il faut juste être patient. Pour une espèce aussi extraordinaire que le Martinet noir, l'observation et le comptage des sites de nidification est quelque chose de facile à faire."

On retrouve dans les propos de Jean Marc Coquelet un réel désir de transmettre sa passion et le goût d'observer.

Pour compléter cette conférence et clore ce mois de célébration des 30 ans du jumelage Grenoble-Oxford, une promenade était organisée le 29 mai 2019 par la LPO Isère. Les participants ont ainsi pu découvrir les lieux où nichent les Martinets noirs dans Grenoble.

 

Lire mon premier article sur la conférence "Animaux exotiques envahissants"

Lire mon troisième et dernier article sur la conférence "2019, zéro phyto dans nos jardins !"