Découverte du plus petit coléoptère d’Europe au Lauvitel

Portrait de Parc national des Ecrins

C’est à l’occasion de l’inventaire général de la biodiversité de la réserve intégrale de lauvitel que Baranowskiella ehnstromi, le plus petit coléoptère d’Europe a été découvert près du sentier d’accès au Lauvitel.

Baranowskiella ehnstromi Photo B_DODELIN sur nature isère

Le 23 mai 2019, une équipe de chercheurs se rend au chalet du Lauvitel par le GR 54 pour compléter l’inventaire de la réserve intégrale. Benoît Dodelin (coléoptériste) arrête le groupe composé d’Alice Michaud (arachnologue), Jérôme Forêt et Régis Vuillot du Parc National des Ecrins.

Un champignon couvre une branche morte de saule. Phellinopsis conchata est un polypore assez fréquent qui décompose le bois mort. Ce champignon accueille parfois le plus petit coléoptère d’Europe pour lequel il sert d’abri et de nourriture. Benoît sort sa loupe et Bingo découvre quelques individus cachés dans les pores du champignon. Et voici toute l’équipe penchée sur le morceau de bois pour y observer le petit animal.

Il faut dire qu’il faut un peu de patience et de bons yeux pour ce coléoptère qui ne mesure que 0,46 mm de long, et qui est aussi large qu’un cheveu. Il est au top de la miniaturisation comme l’explique Benoît. Avec Baranowskiella on touche au « plus petit possible ». À tel point que les organes sont simplifiés à l’extrême avec par exemple un seul ovaire, l’absence de muscle stomacaux, un système nerveux réduit, pas de trachée respiratoire… C’est la taille des réserves de l’œuf qui imposent la limite inférieure de taille pour les coléoptères. Seuls quelques guèpes parasites arrivent à réduire encore plus leur taille corporelle (vers 0,3 mm) en supprimant ces réserves, qui seront prises dans l’œuf parasité.

Baranowskiella a été découverte pour la première fois en Suède en 1988 mais n’a été décrite qu’en 1997. Jusqu’à présent ce type de coléoptère n’était connu que de régions tropicales ! Sa découverte a aussi permis d’expliquer d’où provenaient les traces de découpe observées par les mycologues au fond des tubes de ce champignon : il s’agissait des traces de repas des Baranowskiella ayant mangé les spores.

En France, jusqu’a peu, Baranowskiella n’était connue que des départements de la Moselle au Haut Rhin. En 2015, Benoît Dodelin, Bernard Rivoire et Rémy Saurat (mycologues) publient leurs découvertes en Isère (Chartreuse et Vercors) et dans le Sud du Jura venant ainsi préciser la distribution de cette espèce plus au sud. Depuis elle a aussi été trouvée en Île-de-France, près de Lyon et dans l’Ubaye. La découverte au Lauvitel est la première pour les Ecrins et constitue donc la seconde région la plus au sud de son aire distribution connue à ce jour.

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Le 24 mai 2019

J.FORET et B.DODELIN