A la Tour sans Venin une balade avec les Amis du Muséum à la découverte de La grotte des Sarrasins à Seyssinet-Pariset

Portrait de Amis du Muséum

Au pied du rocher qui porte la Tour-sans-Venin, un vallon se termine par la grotte dite des Sarrasins qui s’ouvre par un porche de 200 m développement et haut de 30 m avec un surplomb protégé des   intempéries de 50 m au maximum.

Orientée à l’est la grotte est parsemée de gros blocs d’effondrement issus de la voûte. Cet immense porche a été sondé par H. Müller en 1895 et entre 1965 et 1975 des fouilles ont été entreprises dans la partie sud par A. Bocquet et son équipe.

La grotte est colmatée par un remplissage sédimentaire de 5 m d’épaisseur qui contient de nombreux vestiges d’occupations humaines : céramiques, restes osseux, silex taillés, parures, objets métalliques.

Cette grotte offre actuellement le plus bel exemple d’un habitat continue du Néolithique récent (3000 ans av. JC) au Gallo-Romain pour toutes les Alpes du Nord. Les occupations ont été particulièrement importantes pendant l’âge du Bronze entre 2000 et 750 ans av. JC.

La toute première occupation remonte au Néolithique récent. Les passages sporadiques des occupants sont marqués par 3 niveaux de foyers, des céramiques et outils en silex et sur os, des restes osseux. Il s’agissait d’agriculteurs qui cultivaient des céréales dans le vallon comme l’atteste la présence de pollens de céréales mis en évidence par les analyses polliniques.

Au Néolithique succèdent les occupants de l’âge du Bronze. La région et tout particulièrement la grotte connaissent à cette époque des occupations permanentes à part quelques abandons temporaires. D’abondants restes archéologiques d’activités de chasse et agricoles ont été mis au jour. Les habitants s’adonnaient notamment à la culture de céréales et à certaines périodes de sarrasin dans le vallon. De très nombreux tessons de céramique abandonnés par les occupants ont permis d’avoir une idée assez précise sur les différents vases constituant la vaisselle mais aussi sur leur appartenance culturelle et leur origine. Ainsi ont pu être reconnus plusieurs dizaines de vases de différentes formes et souvent abondamment décorés : coupes, urnes globuleuses, jattes, vases.

Ont été également mises au jour des structures d’habitat. Ce sont des foyers en cuvette ou appareillés avec des pierres ou des dispositifs de suspension marqués par des trous de piquets, la construction d’un mur de bois attesté par des trous de piquets parallèles à la paroi, la construction d’un mur de pierre perpendiculaire à la paroi.

La grotte a également livré une sépulture datée du Bronze ancien, 1750 av. JC. Il s’agit d’une femme de 45 ans dont le corps a été déposé dans une fosse en position assise.

Au cours de l’âge du Fer, de -750 à 0, la grotte a encore connu des occupations qui ont abandonné de nombreuses céramiques dont les formes et décors sont tout à fait caractéristiques de cette période. Enfin les niveaux superficiels, remaniés par suite de l’installation d’une bergerie, ont livré quelques restes des périodes gallo-romaine et médiéval : monnaies de Henri II, céramiques, ossements.

Ainsi la grotte des Sarrasins représente le tout premier habitat de la commune de Seyssinet et de la région.

Pierre Bintz, Géo-Archéologue