Leste dryade - Lestes dryas

Portrait de Sympetrum

Le Leste dryade doit son nom à la mythologie grecque. Les dryades, du grec « druas » appartenaient à un groupe de divinités protectrices des arbres et forêts et seraient liées aux chênes. Considérées comme des créatures timides, elles se montraient très rarement à l'image du Leste dryade qui avec sa couleur vert métallique et sa tendance à voler au milieu de la végétation se fait plutôt discret.
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Comment identifier cette espèce ?

Comme tous les lestes, cette demoiselle se reconnaît assez facilement grâce à sa couleur vert métallique, sa morphologie longiligne et sa petite taille.

Au repos, les ailes sont semi-ouvertes et leur base est nettement pédonculée. Quant aux ptérostigmas du dyrade, ils sont noirs avec parfois un liseré blanc.

A maturité, l'abdomen devient bleu, pruineux aux deux extrémités (segments 1 et moitié du 2 puis 9 et 10). Les femelles et les mâles sont assez semblables, seul l'examen des pièces copulatrices avec une loupe permet de les distinguer des autres lestes avec certitude.

Chez le mâle, les cerques (pièces anales intérieures), sont longs puis élargis « en forme de cuillères »  orientées vers l'intérieur. Les crochets sont noirs. Chez la femelle, le bord inférieur de l'ovipositeur est sombre et sa pointe est aussi longue, voire dépasse un peu l'extrémité de l'abdomen.

Il est possible de confondre le Leste dryade avec le Leste fiancé. Là encore, la distinction entre les deux espèces passe par l'observation fine des organes reproducteurs. Chez le Leste fiancé, les cerques sont droits et effilés, en forme de massues, chez le mâle et la pointe de l'ovipositeur chez la femelle est plus courte que l'extrémité de l'abdomen.

Répartition de l’espèce en Isère

C’est une espèce généralement montagnarde. Il n'est donc pas surprenant de la rencontrer sur les massifs montagneux du département. Toutefois, elle se reproduit également dans quelques stations des plaines du nord du l'Isère.

Étant inféodée à des milieux naturels spécifiques, l'espèce se rencontre de façon localisée. Les noyaux les plus importants se situent dans les massifs du Sud-Isère entre 900m et 1600m d'altitude, notamment en Oisans et en Belledonne en continuité avec les populations des Hautes-Alpes, ainsi que dans les territoires de l’Isles Crémieu et du Bas-Dauphiné.  

Écologie locale

Le Leste dryade occupe des pièces d'eaux stagnantes peu profondes, se réchauffant rapidement au printemps et présentant souvent une végétation dense de la famille des laîches et des joncs.

Les fluctuations du niveau d'eau jouent un rôle important pour garantir la reproduction de l'espèce. Ainsi les mares temporaires s'asséchant en été, les dépressions des marais et des tourbières, les prairies régulièrement inondées ou encore les queues d'étang constituent leurs habitats de prédilection. En choisissant ces milieux naturels spécifiques, le leste dryade limite la compétition avec d'autres espèces. La faible profondeur des pièces d'eau où il s'installe, garantit également l'absence de poissons. Espèce holarctique*, le leste dryade se reproduit principalement en zone de montagne au-dessus de 500m d'altitude. Il cohabite souvent avec le sympetrum jaune, autre espèce montagnarde spécialiste des milieux humides temporaires et est quasi systématiquement accompagné du leste fiancé.

 

* espèce présente dans l’essentiel de l'hémisphère Nord (Eurasie et Amérique du Nord) dans une bande tampon plus ou moins proche de l'Arctique

Phénologie – variations liées aux saisons

On observe le leste dryade à partir de la fin du mois de mai en plaine et de la deuxième quinzaine de juin en moyenne montagne.

La période de reproduction s'étale généralement entre la première quinzaine de juillet jusqu'aux environs du 20 août selon les conditions climatiques. Les mâles et les femelles défilent alors en tandem effectuant des danses gracieuses au milieu de la végétation. Ces dernières pondent à la base des tiges des végétaux immergés. Les œufs y passent l'hiver et n'éclosent qu'au printemps suivant.

Cette caractéristique singulière est une adaptation de l'espèce qui permet aux larves de se développer avant l’assèchement des pièces d'eau. Celles-ci  se tiennent à faible profondeur dans des eaux réchauffées et atteignent ensuite le stade de la métamorphose au bout d'une période d'environ 7 semaines.

Les émergences ont lieu à proximité de l'eau alors que la maturation des adultes se déroule à l'écart des milieux humides, parfois à plusieurs centaines de mètres.

Actions favorables à l’espèce

En fort déclin, le leste dryade est classé « En Danger » dans la liste rouge des espèces menacées de l'Isère. La préservation des populations dépend très fortement du maintien de leur milieu naturel.

Pour les sites de reproduction connus, il faut veiller à maintenir les fluctuations périodiques du niveau de l'eau et éviter tout aménagement qui viserait à transformer le milieu en plan d'eau ou à l'inverse les actions de drainage, une remise en eau saisonnière étant nécessaire au développement des larves.

Avec le réchauffement climatique, l’assèchement de plus en plus précoce des pièces d'eau dans lesquels l'espèce se reproduit constitue une menace prégnante, difficile à contrecarrer. La création de mares de faible profondeur et bien végétalisées à proximité des sites occupés pourraient aider à renforcer les populations.

Il est également préférable d'éviter de faucher ou de faire pâturer les sites qui l'hébergent.