Oiseaux des villes en hiver

Oiseaux des villes en hiver

Portrait de JMcoq

Nombre d’oiseaux sont capables de passer tout ou partie de l’hiver en ville. Parmi eux, nous comptons les sédentaires, comme le Moineau, mais aussi les espèces toujours présentes bien que migratrices, tel le Pinson, et enfin celles que l’on voit surtout en hiver, comme la Mouette.

Pour les oiseaux, la ville constitue un milieu acceptable s’ils y trouvent de quoi se satisfaire: eau, nourriture, gîte, et pour certains ne serait-ce que la tranquillité nocturne pour dormir. L’hiver est une saison difficile à vivre mais la ville offre parfois des conditions avantageuses qui nous permettent d’observer certains oiseaux présentés ci-dessous. 

Etourneau sansonnet (Sturnus vulgaris)

Au printemps cet oiseau vit en couple isolé et défend un territoire, même en milieu urbain. En revanche en hiver il n’a d’autre comportement social que de se regrouper en bandes de plusieurs dizaines à plusieurs milliers d’individus. La journée ceux-ci parcourent la campagne à la recherche de nourriture, et le soir ils choisissent souvent des arbres citadins pour passer la nuit sans danger. Il arrive que certains d’entre eux dorment avec des Moineaux, eux aussi adeptes de rassemblements nocturnes.

 

Grand cormoran (Phalacrocorax carbo) 

C’est un hivernant venant de régions plus nordiques. Il fait partie des espèces aquatiques qui ne fréquentent pas la ville elle-même, mais qui ne la fuient pas. Le Grand cormoran s’aventure quotidiennement sur les rivières traversant l’agglomération grenobloise, comme le Drac et l’Isère, pour peu qu’il y ait de quoi pêcher ou se reposer même au niveau du cœur de la ville. De fait, sa distance de fuite par rapport aux passants est un peu moins grande que dans la nature, à condition d’être discret car il reste farouche.

 

Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) 

Toute l’année, l’espèce est rare en ville car elle ne niche que dans des espaces naturels ou semi-naturels boisés et broussailleux (seuls lieux suffisamment adaptés pour l’accueillir). Par contre en hiver ce très discret lutin investit individuellement nombre de jardins et de parcs mais il faut être très attentif si l’on veut espérer l’observer. Le meilleur moyen pour y arriver est de le repérer d’abord auditivement grâce à ses séries de petits cris secs mitraillés qui trahissent sa présence.

 

Grive draine (Turdus viscivorus)

Loin de ses espaces ouverts et de ses forêts d’origine, cette Grive se déplace en hiver dans les autres contrées, y compris en ville. Elle peut y séjourner notamment grâce au gui. Cette plante parasite poussant sur les arbres est utilisée pour notre rituel du nouvel an : s’embrasser sous l’un de ses brins. Mais pour cet oiseau, le gui est vitale puisqu’il se nourrit de ses milliers de jolies baies blanches (voir photo). Et c’est en rejetant les graines contenues dans ses fientes sur d’autres branches que cette grive contribue à la dispersion du gui : c’est un bel exemple d’échange de bons procédés entre une plante et un oiseau.

 

Tarin des aulnes (Spinus spinus) 

Venu du nord ou de l’est, le Tarin passe l’hiver dans les lieux humides ou à proximité, mais parfois aussi loin de l’eau. Ce qui le guide, ce sont les arbres nourriciers, comme l’aulne glutineux, le bouleau, ainsi que des essences ornementales comme le liquidembar (voir photo). L’espèce est erratique (n’a pas d’habitation fixe) et grégaire (vit en groupe), et souvent accompagnée de Chardonnerets. Pour observer les Tarins il faut tendre l’oreille, car ils émettent un léger gazouillis, et guetter ces bandes de petits acrobates accrochés aux hautes branches.

 

Canard colvert (Anas platyrhynchos) 

Depuis des dizaines d’années l’espèce a été acclimatée dans les parcs urbains. Il lui suffit d’une pièce d’eau relativement tranquille pour s’y installer. Il y a 20 ans, on leur coupait des plumes aux ailes pour qu’ils restent à demeure. Aujourd’hui les Canards sont libres d’aller et venir. C’est pour cela que, malgré les nourrissages excessifs au pain (rappelons que le nourrissage des oiseaux est interdit et le pain n'est pas diététique pour eux), ils rejoignent la nuit les milieux naturels pour aller y manger plus sainement. Ce doit être à ces occasions que nombre d’individus, en migration ou en hivernage, les accompagnent dans les parcs. On peut alors parfois observer plusieurs dizaines d’oiseaux sur une pièce d’eau en hiver comme par exemple au jardin des plantes à côté du Muséum de Grenoble.   

Photos des oiseaux : Jean-Marc Coquelet, CC-BY-NC-ND   

Visuel principal : Eric Page CC BY-NC-ND 2.0 (Flickr)